26.09.2019
Climatologie
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L’année 2019 illustre de nouveau que l’évolution climatique n’est pas une simple expression mais bien une réalité. A l’occasion des visites de vignes, le sujet a été plusieurs fois abordé. Ainsi à la matinée technique organisée à Chinon, Michel Badier de la Chambre d’agriculture du Loir-et-Cher a présenté le projet d’étude Climenvi devant un centaine de vignerons. Petite synthèse.
Les premières études scientifiques sur le réchauffement du climat datent des années 1970 et s’accompagne d’une lente prise de conscience du problème au niveau sociétal. En 1990, le premier rapport du groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) spécifie que les émissions dues aux activités humaines accroissent sensiblement la concentration dans l'atmosphère des gaz à effet de serre en renforçant l'effet de serre naturel et donc le réchauffement climatique. Depuis, de nombreuses études confirment les caractéristiques de cette évolution et ses impacts. Au niveau de la viticulture et de l’œnologie, la recherche s’est mobilisée pour préciser les impacts du réchauffement climatique sur la vigne et le vin et pour explorer, tester des adaptations possibles pour la filière. Les travaux ont été menés dans le cadre du projet de recherche LACCAVE entre 2012 et 2016 et se poursuivent aujourd’hui en s’axant davantage sur l’atténuation de l’évolution climatique. Plus localement, dans la région Centre-Val de Loire, le projet d’étude Climenvi s’attache depuis juillet 2018 à établir la manière d’intégrer le changement climatique dans la prise de décision des chefs d’entreprise. Ce projet s'inscrit dans un Partenariat Européen pour l’Innovation (PEI), permettant une approche opérationnelle, concrète et territoriale.
La première action du projet Climenvi a été de donner aux vignerons une vision concrète de l’évolution du climat à l’horizon 2030 dans les trois territoires viticoles pilotes Indre-et-Loire, Loir-et-Cher et Centre sur la base de 6 indicateurs climatiques et 18 indicateurs agro-climatiques. Ces indicateurs permettent de prendre en compte l’avancée des stades phénologiques. Ainsi, la projection de la date de débourrement a été calculée pour le cépage sauvignon dans le cas de différents scénarios. Dans le scénario 4.5, scénario dit optimiste, et en s’appuyant sur la somme de température en base 10 °C au 1/01 de 59°C.j, la date de débourrement sera avancée de 28 jours entre la fin du XXème et la fin du XXIème siècle. Donc, et malgré le nombre de jours de gel annuel divisé par 2 dans ce lapse de temps, le risque de gel au stade débourrement restera présent du fait de l’avancée des stades phénologiques. Tous les indicateurs caractérisant l’évolution du climat sur les trois sites vont être présentés sous forme cartographique dans des fiches synthétiques et diffusées dans le cadre du projet.
La deuxième action du projet Climenvi, débutée en juin dernier, concerne l’étude, dans l’hypothèse d’une absence d’adaptation, des impacts du changement climatique sur une entreprise viticole. La troisième action de ce projet vise à définir un ou des scénario(s) d’adaptation au niveau de l’entreprise et d’en voir l’acceptabilité par les vignerons. Trois sites pilotes à Chinon (Indre-et-Loire), Meusnes (Loir-et-Cher) et Sancerre (Centre) permettent de tester des solutions d’adaptation, d’analyser les freins au changement, les risques, de mesurer l’urgence par rapport au contexte de l’entreprise et d’estimer l’impact socio-économique de ces solutions. Une présentation des premiers résultats sur ces trois sites pilotes est prévu en octobre prochain Les travaux doivent également permettre de proposer des outils de conseil et de formation pour demain.
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