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07.12.2018

Comment relever la transition écologique au vignoble ?


Protection du vignoble

Environnement

Comment relever la transition écologique au vignoble ?

C’est la question que posait la matinée technique organisée par l’IFV, le 21 novembre lors du dernier Vinitech. Outre la réglementation qui cadre cette transition, le recul sur le développement de certains outils et itinéraires, l’arrivée de nouveaux outils d’aide à la décision et l’activation de certains leviers ont mis en avant l’importante évolution de la filière dans l’intégration écologique de ses pratiques.

La réduction de 25% de l’utilisation des herbicides entre 2008 et 2017, le poids de la viticulture dans le développement des certifications environnementales (24 exploitations certifiées HVE en 2012 et 841 début 2018 dont 90% en viticulture)* illustrent l’engagement de la filière viticole dans la transition écologique. Cette évolution répond à la volonté des pouvoirs politiques et à leurs orientations fixées dans le plan filière. D’un point de vue réglementaire, la transition écologique se traduit dans la loi Egalim, promulguée le 1 novembre 2018 suite aux états généraux de l’alimentation, par l’interdiction dès le 1 janvier prochain de réaliser des rabais, remises ou ristournes sur la vente de produits phytosanitaires. La loi obligera dès janvier 2020 la séparation entre le conseil et la vente des produits phytos et elle pérennisera les certifications d’économie des phytosanitaires. Elle pourrait également imposer aux agriculteurs, à cette même date,  de signer une charte d'engagement avec les personnes habitant à proximité des lieux où des pesticides sont utilisés. Sans quoi l’utilisation des pesticides pourrait être restreinte, voire interdite dans ces zones. Mais des étapes de validation restent à passer concernant ce point. La sortie du glyphosate en 2019 crée un véritable enjeu technique de même que la diminution des doses de cuivre à 4 kg lissés sur 7 ans. Pour Eric Chantelot de l’IFV, l’enjeu est aussi dans « le développement indispensable des matières actives multi-sites pour maintenir l’efficacité de lutte contre les maladies dans un contexte de développement des résistances.».

Et si demain, un outil nous donnait la date de traitement ?

Pour accompagner la transition écologique au vignoble, des outils d’aide à la décision se développent. Alexandre Davy de l’IFV a, par exemple, présenté  Decitrait, un projet d’application web visant à modéliser la date du prochain traitement et la dose de traitement. « L’objectif principal du projet est de créer un système expert opérationnel permettant de collecter automatiquement l’ensemble des informations nécessaires à la gestion de la lutte phytosanitaire vis-à-vis des principales maladies cryptogamiques puis de bâtir une stratégie de traitement personnalisée et adaptée à chaque exploitation (positionnement des traitements et doses à appliquer) afin de réduire les quantités de pesticides utilisés. », explique l’ingénieur. Cette application est testée via un réseau pilote dans le cadre d’un projet CASDAR. Il est envisagé qu’elle soit mise à disposition des vignerons en 2020 avec vraisemblablement un accès payant. Un système de modulation des doses intra-parcellaires de produits phytosanitaires et engrais a été également présenté par la cave de Buzet. Développé dans le cadre du projet Oiseau avec 6 autres partenaires, cet outil vise à apporter une solution clé en main d’épandage géolocalisé et automatisé pour répondre aux enjeux de réduction des intrants.

Mise en place d’une labellisation des pulvérisateurs.

La maîtrise de l’application des produits phytosanitaires est un point essentiel à la réduction des intrants. Pour cela faut-il encore connaître les performances de son  pulvérisateur ! Le processus de labellisation et de valorisation des pulvérisateurs est en route. Sur la base des essais conduits par l’UMT EcoTechViti (IFV - IRSTEA - Montpellier SupAgro) sur la vigne artificielle EvaSprayViti, un pulvérisateur pourra se voir attribuer une note de performance (A+, A, B, C) si le constructeur en fait la demande. Cette note traduit les différentes capacités à réduire les doses employées lors des traitements tout en maintenant des dépôts sur la végétation au moins équivalents à ceux permis par un matériel de référence utilisé à pleine dose. Une liste nationale des pulvérisateurs ayant obtenu le label sera largement diffusée de manière à promouvoir auprès de la profession les meilleurs matériels.  La première liste devrait paraître en juin prochain.  Pour compléter la démarche, l’UMT EcoTechViti travaille à intégrer la notion de dérive en développant un banc d’essai l’Eole Drift permettant de mesurer ce critère.  

Des outils mieux maitrisés et de nouveaux à maîtriser.

Lorsque l’on regarde l’évolution des références techniques liées au désherbage mécanique, on comprend combien l’acquisition d’une pratique ne se fait pas du jour au lendemain. Les travaux sur cette pratique ont commencé en 2002 avec les tests sur les différents outils et se sont poursuivis jusqu’en 2018 avec l’expertise dans l’innovation de la gestion du sol et l’accompagnement. « Il reste des défis à relever sur le désherbage mécanique. Nous avons besoin de références sur l’implantation de la technique sur des terrasses ou en forte pente, sur la dépendance climatologique. Nous avons besoin de développer l’assistance au guidage et de formation aux nouvelles technologies ». relève Christophe Gaviglio de l’IFV. D’autres leviers permettant la réduction des phytosanitaires doivent être « apprivoisés » comme les cépages résistants au mildiou et à l’oïdium. Si 16 cépages sont inscrits au catalogue officiel, nous avons peu de recul quant au comportement de ces derniers dans nos systèmes de culture, tant au niveau agronomique qu’œnologique. Le réseau OSCAR permet le partage d’expérience sur leur comportement pour définir des itinéraires techniques et il organise la surveillance du déploiement de ces nouvelles variétés. Des projets comme CIVARE ou VALOERES ont pour objet la caractérisation sensorielle de ces innovations variétales. Autre levier abordé au cours de la matinée, les biocontrôles pour lesquels, il persiste un important besoin de recherche et dont le développement est freiné par une forte contrainte de moyens (petit marché, adoption limitée, manque de savoir-faire,…).

 

*Source ICV.  A noter égalment qu' en 2017, dans le Val de Loire, 420 exploitations viticoles sont engagées dans une certification environnementale pour une surface de plus de 7 250 ha de vignes.

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