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20.07.2023

Zonage climatique à échelle fine


Climatologie

Zonage climatique à échelle fine

La commission technique d’InterLoire a validé le soutien financier de l'interprofession aux études de zonage climatique à l'échelle fine qui vont être proposées aux AOP du Val de Loire. Elles sont basées sur le même principe que les études terroir et visent à réaliser une cartographie des principaux indicateurs climatiques, bioclimatiques et écoclimatiques des appellations viticoles du Val de Loire. Cela permettra de définir les spécificités des climats viticoles au sein des appellations, et donc aider à la définition de secteurs à comportement climatique différent pouvant impliquer des variations de fonctionnement de la vigne.

De nouvelles études ?

Il est parfois difficile d’expliquer les différences de comportement de la vigne au sein d’une appellation, d’une commune ou même d’une parcelle. Cela peut être lié à différents facteurs, notamment le sol et le climat. Pour ce qui est du sol, de sa composition en surface et en profondeur, les résultats des études terroir menées depuis 2000 (accessibles via E-terroir sur Techniloire.com depuis 2012) nous apportent un certain nombre de réponses avec une description détaillée des horizons rencontrés, les conséquences engendrées sur la vigne (contrainte d’enracinement, potentiel de vigueur, etc…), et quelques préconisations d’adaptation (type de porte-greffe le plus adapté par exemple). Mais cela n’explique pas encore tout…Reste désormais la variabilité du climat à étudier ! D’ailleurs, on pourrait même parler de « microclimat », puisque bien souvent, des différences sont observées à quelques dizaines de mètres d’écarts (zones sensibles au gel, couloirs de vents, précipitations localisées, etc…). Les études « zonage climatique à échelle fine » ont pour objectif de cartographier cette variabilité sur un territoire donné (appellation ou commune), pour une résolution de l’ordre de l’hectare, et ce à un instant T. Cela permettra de mieux appréhender le terroir viticole étudié.

Mais concrètement, quelles informations nous fourniront ces cartes ? 

Les résultats qui seront produits dans le cadre de ces études vont permettre aux appellations, aux viticulteurs et/ou aux techniciens-conseillers d’observer les différences climatiques et les conséquences induites sur la vigne à 100 mètres près. En quelques clics, sur un territoire donné et des années observées, il sera possible de visualiser la variabilité climatique via :

  • Les températures moyenne annuelles (de janvier à décembre) et saisonnières (d’avril à septembre)
  • Les températures maximales et minimales de la saison végétative et durant les évènement thermiques extrêmes
  • Le nombre de jours avec précipitation au pas de temps annuel et saisonnier
  • Les cumuls pluviométriques annuels et saisonniers
  • Le nombre de jours avec des températures maximales dépassant les 30°C (chaud) et les 35°C (très chaud) sur juin, juillet et aout
  • Le nombre de nuits avec des températures minimales sous les 0°C (reflétant les épisodes de gel) sur mars, avril et mai
  • L’indice d’Huglin, qui permet d’attribuer une « classe climatique » à une zone géographique donnée.

L’ensemble de ces données permettront à l’utilisateur de définir des secteurs à comportement climatique différent sur une appellation/commune (ex : cru, lieu-dit, …), voire sur une même parcelle. Cette variabilité locale peut impliquer des fonctionnements différents de la vigne. Ces informations, associées à d’autres données (zonage terroirs notamment), permettront alors d’affiner les connaissances sur les potentialités et contraintes viticoles. Il sera ensuite possible d’identifier le matériel végétal le mieux adapté (cépage, porte greffe, clone), mais également d’envisager des modes de conduite agronomique différents (réflexion sur les couverts végétaux, sur les modes de taille, sur les palissages, etc…).

Exemple :

Variabilité spatiale des températures minimales lors d’un épisode de gel (E. Neethling, 2023)

 

Sur ces deux cas d’étude, il est très facile d’observer la variabilité des températures lors d’un épisode de gel entre un point A et un point B (écart de 5-6°C). Ces données peuvent permettre d’alimenter les réflexions d’un viticulteur sur son calendrier de taille, sur les différents modes d’entretien du sol possibles selon l’emplacement de ces parcelles, sur les variétés à planter également, etc…De plus, ce zonage climatique à échelle fine pourrait aider au positionnement précis des stations météorologiques (fixes ou dématérialisées) ou encore sur l’emplacement des équipements de protection antigel (les tours à vent fixes notamment). Les études « zonage climatique » permettront également de générer des cartes de précocité* pour une liste de cépages à définir. Il sera ainsi possible de voir la variation actuelle des dates de débourrement, floraison, véraison et maturité (en fonction du taux de sucre ciblé) selon notre positionnement.

Attention ! Il est important de noter qu’il ne s’agit pas ici de projections climatiques comme c’est le cas dans l’Atlas Agroclimatique, mais bien d’un état de lieux du comportement actuel du climat selon différentes variables spatiales (topographie, exposition, environnement paysager, etc…).

Et comment cela se mettra en place ? 

Pour les appellations qui en feront la demande, le zonage climatique à l’échelle fine sera réalisé sur un protocole de 3 ans (à débuter 1 ou 2 mois avant le début de la saison végétative afin de ne pas perdre une année de mesures). Il sera piloté par Hervé QUENOL pour Terra Clima (directeur de la recherche au CNRS) et Etienne NEETHLING pour l’Ecole Supérieur des Agricultures d’Angers (ESA).

Sur une appellation ou une commune d’une superficie comprise entre quelques dizaines d’hectares et quelques milliers (selon la répartition des parcelles), l’équipe en charge de l’étude installera des capteurs de températures et de précipitations pour acquérir de la donnée pendant deux ans. Ces capteurs, spécifiques au projet, pourront être laissés en place à l’issue de ce dernier, si l’appellation en fait la demande. Dans le même temps, des observations phénologiques et agronomiques seront également réalisées. Tout un travail d’analyse de données sera ensuite réalisé afin de générer toutes les cartes citées plus haut. Le zonage climatique à l’échelle fine est un projet à réfléchir collectivement. Les appellations intéressées, par l’intermédiaire de leur directeur ou directrice, peuvent d’ores et déjà prendre contact avec InterLoire pour amorcer les discussions autour de la mise en place de l’étude et de son co-financement. Par ailleurs, les équipes de recherche sont disposées à venir présenter la démarche pour davantage de précisons. 

 

Contact InterLoire : Raphaël SUIRE (r.suire@vinsvaldeloire.fr)

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