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20.12.2018

Mousse et électricité en désherbage alternatif


Mousse et électricité en désherbage alternatif

Lors du Vinitech 2018, des innovations utilisant de la mousse chaude et de l’électricité ont été présentées en remplacement du désherbage chimique des parcelles de vigne. Si les techniques semblent fonctionner, il faudra tout de même attendre des équipements dédiés à la viticulture, et engager des études de l’impact sur la vigne et la faune.

Testé par la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime, en collaboration avec la société Ouvrard Charentes, le système de désherbage mis au point par la société anglaise Weedingtech utilise de l’eau chauffée à 95 °C, mélangée à de l’huile de colza et des sucres, donnant une mousse chaude qui, appliquée à l’aide d’une lance, recouvre puis détruit les adventices par choc thermique. « La mousse est biodégradable, et reste efficace en cas de pluie ou de vente. C’est un produit naturel, et non un désherbant », précise Sébastien Cornuaud, directeur France de Weedingtech, dont les équipements sont pour l’instant distribués auprès des espaces verts et grand public. Avec quatre applications en saison sur une parcelle contenant laiterons, chardons, géraniums, paturins et pissenlits, avec trois applications sur une parcelle avec raygrass, la technologie est validée, observe Laetitia Caillaud, conseillère viticole à la CA17 : « L’effet était visible quelques minutes. La technique présente une bonne rémanence, de 33 à 78 jours, malgré les fortes précipitations ce printemps. La température de 58°C maintenue plusieurs minutes grâce à la mousse, mesurée aussi au niveau des racines, permet une bonne destruction des plantes. ». Mais à ce jour le système n’est pas adapté à la viticulture, à cause d’une consommation d’eau très importante et d’une vitesse d’application trop lente, reconnaît Laetitia Caillaud. « Le constructeur doit voir comment adapter sa solution à la viticulture ! » Un premier prototype pour la vigne semble prévu pour fin 2019, avec des essais qui auraient lien début 2020.

Désherbage électrique bientôt en interceps ?

Sur le Vinitech, l’Electroherb conçu par Zasso suscitait l’intérêt des visiteurs. L’entreprise a noué un partenariat avec le groupe CNH (Case et New-Holland) pour commercialiser son équipement de désherbage électrique. Composé d’un générateur et de rangées d’applicateurs fonctionnant comme deux pôles, l’Electroherb utilise un courant électrique qui traverse les feuilles et les tiges des adventices jusqu'aux racines, faisant éclater les vaisseaux des plantes, les desséchant ainsi en quelques minutes. Pour faire fonctionner l’équipement, la génératrice est directement reliée à l'arbre moteur du tracteur ou du porteur. En fonction du substrat et de la densité de la plante, le désherbage électrique nécessite 5 à 20 l de carburant supplémentaire par passage, et jusqu' à 30 l. Dédié pour le moment au défanage de pommes de terre et la destruction de couverts végétaux en champ ou entre les rangs des cultures pérennes, l’Electroherb devrait à terme se décliner en intercep. Les intérêts mis en avant par Benjamin Ergas, président de Zasso France sont : un désherbage systémique, avec trois passages par an maximum ; un fonctionnement indépendant du climat et de la saison car le courant n'a pas besoin de débit de sève pour sa distribution (mais sans eau sur les adventices) ; et une destruction des adventices efficace même en cas de pluie juste après passage. Parmi les limites : une vitesse d’avancement assez faible, de 3-5 km/h et parfois moindre lors des premiers passages sur des couverts de vivaces ou très implantés, et un besoin d’énergie ou d’applicateurs spéciaux pour les herbes hautes, denses ou ligneuses. L’emploi d’électricité pose aussi question sur la faune du sol, ou sur la vigne via le palissage. Des essais sont encore en cours avec l’IFV sur le second point. Pour l’impact sur la vie du sol, Arvalis a démontré en 2017 une absence d'effets significatifs sur les vers de terre, les acariens oribatides et les micro-organismes, précise Benjamin Ergas.

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